Abstract in French:
Pour orienter les politiques de santé de façon rationnelle, surtout au moment même où le coût des soins est un sujet de préoccupation croissante, il faut pouvoir évaluer avec fiabilité l’épidémiologie des maladies et la charge qu’elles représentent de même que rassembler des données sur le coût et l’efficacité des stratégies d’amélioration de la santé. Le paludisme et l’anémie comptent parmi les grandes menaces pour la vie des jeunes enfants en Afrique subsaharienne. Les stratégies de lutte actuelles se fondent sur la prise en charge rapide des cas cliniques dans les établissements de santé. A partir des résultats sur l’efficacité obtenus dans le cadre d’un essai clinique randomisé contre placebo, nous avons procédé à une analyse économique et comparé le rapport coût/efficacité de trois stratégies différentes de lutte contre le paludisme et l’anémie sévère chez les nourrissons du district de Kilombero, une zone de la République-Unie de Tanzanie où la transmission du paludisme est constante. On a comparé les coûts de la stratégie de lutte actuellement appliquée, qui repose uniquement sur la prise en charge standard des cas, avec ceux des interventions ci-après : - administration quotidienne de suppléments de fer (F) ; - chimioprophylaxie hebdomadaire du paludisme avec le Deltaprim (association de 3,125 mg de pyriméthamine et 25 mg de dapsone) (D) ; et - association des deux traitements ci-dessus (D+F). L’analyse économique a été effectuée dans le cadre hypothétique des interventions du Programme élargi de Vaccination (PEV). Les estimations de coûts portaient, d’un côté, sur chaque intervention dans la population visée du point de vue du prestateur de soins et, de l’autre, sur le traitement des cas non évités, en même temps que sur les coûts pour les ménages du traitement des cas non évités. L’évaluation de coûts pour la stratégie de lutte actuelle fondée sur la prise en charge standard des cas correspondait à la somme du coût de la prise en charge des cas (pour le prestateur de soins) et des coûts pour les ménages du traitement des cas (coûts directs et indirects). Du point de vue du prestateur de soins, les rapports coût/efficacité pour la prévention de l’anémie sévère étaient les suivants : US $7,9 par année de vie corrigée du facteur invalidité (AVCI) pour D + F, US $8,9 par AVCI pour D, et US $21,0 par AVCI pour F. Du point de vue socioculturel (y compris également les coûts pour les familles), les rapports coût/efficacité allaient de US $9 par AVCI pour D + F à US $26 par AVCI pour F. Pour la prévention des accès de paludisme clinique durant la première année de la vie, les rapports coût/efficacité étaient de US $9,7 et US $10,2 par AVCI pour les stratégies D + F et D, respectivement. Dans une perspective socioculturelle, on a obtenu des rapports coût/efficacité de US $11 et US $12 par AVCI pour D + F et D, respectivement. Toutes les interventions préventives étaient génératrices d’économies par rapport à la stratégie de lutte fondée uniquement sur la prise en charge standard des cas, mais l’intervention conjuguant administration de suppléments de fer et chimioprophylaxie du paludisme était la plus efficace et la plus rentable. Si le coût de la prise en charge des cas dépassait US $8,5 pour l’anémie sévère et US $8 pour les accès de paludisme clinique, D + F était plus rentable que la prise en charge standard des cas à tous les niveaux d’efficacité de cette dernière intervention. L’utilisation d’antipaludiques associée à l’administration de suppléments de fer parmi les nourrissons est une formule d’un très bon rapport coût/efficacité pour les pays où le mode de transmission du paludisme et la structure du système de santé sont comparables à ceux du district de Kilombero, en République-Unie de Tanzanie. Cette analyse économique confirme qu’il est justifié d’inscrire dans les stratégies de lutte contre le paludisme et l’anémie tant la chimioprophylaxie que l’administration de suppléments de fer dans le cadre du PEV.Abstract in Spanish:
Para dirigir políticas de salud racionales, sobre todo en una época de creciente preocupación por el gasto sanitario, es necesario disponer de una evaluación fidedigna de la epidemiología y la carga de morbilidad, así como de información sobre el costo y la eficacia de las estrategias de mejora de la salud. El paludismo y la anemia matan a muchos niños pequeños en el África subsahariana. Las actuales estrategias de control dependen de un pronto manejo de los casos clínicos en los servicios de salud. A partir de los resultados de eficacia obtenidos en un ensayo clínico aleatorizado controlado mediante placebo, llevamos a cabo un análisis económico y comparamos la eficacia en función de los costos de tres estrategias de control del paludismo y de la anemia grave entre lactantes del distrito de Kilombero, una zona de la República Unida de Tanzanía donde la transmisión del paludismo tiene carácter perenne. Se procedió a comparar el costo de la actual estrategia de control, basada únicamente en el manejo estándar de los casos, con el de las siguientes intervenciones alternativas: - suplementos diarios de hierro (H); - quimioprofilaxis antipalúdica semanal con Deltaprim (combinación de 3,125 mg de pirimetamina y 25 mg de dapsona) (D); y - una combinación de los dos tratamientos precitados (D + H). El análisis económico se realizó utilizando como marco hipotético las intervenciones del Programa Ampliado de Inmunización (EPI). Las estimaciones incluyeron los costos de los servicios del dispensador de asistencia para cada intervención efectuada en la población atendida y los costos del tratamiento de los casos no prevenidos, junto con los gastos domésticos asociados al tratamiento de estos últimos casos. Para evaluar los costos de la actual estrategia de control basada en el manejo estándar de los casos se sumaron los costos del manejo de casos (relacionados con el dispensador de asistencia) y los gastos domésticos del tratamiento de los casos (costos directos e indirectos). En lo referente al dispensador de atención sanitaria, las relaciones costo-eficacia de la prevención de la anemia grave fueron las siguientes: US$ 7,9 por año de vida ajustado en función de la discapacidad (AVAD) con D + H; US$ 8,9 por AVAD con D; y US$ 21,0 por AVAD con H; en el análisis sociocultural (incluyendo también el gasto para las familias) las relaciones costo-eficacia se situaron entre los US$ 9 por AVAD de la opción D + H y los US$ 26 por AVAD de la opción H. En lo que respecta a la prevención de los episodios de paludismo sintomático durante el primer año de vida, las relaciones costo-eficacia fueron de US$ 9,7 y US$ 10,2 por AVAD con las estrategias D + H y D, respectivamente; en el análisis sociocultural se obtuvieron relaciones costo-eficacia de US$ 11 y US$ 12 por AVAD con las opciones D + H y D, respectivamente. Todas las intervenciones preventivas fueron más económicas que la estrategia de control basada únicamente en el manejo estándar de los casos, pero la combinación de hierro y quimioprofilaxis antipalúdica fue la más eficaz tanto en términos absolutos como en relación con el costo. Cuando el costo del manejo terapéutico era superior a US$ 8,5 para la anemia grave y a US$ 8 para los episodios de paludismo sintomático, la opción D + H resultaba más eficiente que el manejo estándar, cualquiera que fuese el nivel de eficacia de este último. La administración de antipalúdicos y de suplementos de hierro a los lactantes es una opción muy eficiente para los países con pautas de transmisión del paludismo y estructuras sanitarias similares a las del distrito de Kilombero. Este análisis económico respalda la inclusión tanto de la quimioprofilaxis como de los suplementos de hierro administrados a través del EPI en las estrategias de lucha contra el paludismo y la anemia.Abstract in English:
Prerequisites for effective interventions against severe anaemia and malaria among infants are economic evaluations to aid the setting of priorities and the making of health policy. In the present study we analysed the cost and effectiveness of three control strategies hypothetically delivered through the Expanded Programme on Immunization (EPI). For the prevention of severe anaemia and from the perspective of the health provider, the cost-effectiveness ratios were, respectively, US$ 8, US$ 9, and US$ 21 per disability-adjusted life year (DALY) for malaria chemoprophylaxis with Deltaprim (a combination of 3.125 mg pyrimethamine and 25 mg dapsone) + iron, Deltaprim alone, or iron supplementation alone. For malaria prevention, Deltaprim + iron cost US$ 9.7 per DALY and Deltaprim alone cost US$ 10.2 per DALY. From a sociocultural perspective the cost-effectiveness ratios ranged from US$ 9 to US$ 26 for severe anaemia prevention and from US$ 11 to US$ 12 for the prevention of clinical malaria. These ratios were highly cost-effective, as defined by the World Bank’s proposed threshold of less than US$ 25 per DALY for comparative assessments. Furthermore, all the preventive interventions were less costly than the current malaria and anaemia control strategies that rely on clinical case management. This economic analysis supports the inclusion of both malaria chemoprophylaxis and iron supplementation delivered through EPI as part of the control strategies for these major killers of infants in parts of sub-Saharan Africa.Abstract in French:
Peu après la dévaluation du franc de la Communauté financière africaine (CFA) intervenue le 12 janvier 1994 dans 14 pays africains, des inquiétudes se sont exprimées quant aux conséquences qu’elle pourrait avoir, notamment en matière de santé, pour des populations déjà fragilisées par plusieurs années de crise économique d’ajustement. On prévoyait en particulier que les populations urbaines seraient très touchées. Jusqu’à présent, cette question n’a pas vraiment été analysée. Une étude préliminaire faite à Brazzaville (Congo) un an après la dévaluation a montré que la qualité des aliments de complément donnés aux nourrissons commenc¸ ait se dégrader. L’étude présentée ici visait à répondre à plusieurs questions : cette dégradation allaitelle s’inscrire dans la durée ? L’état nutritionnel des enfants allait-il lui aussi se détériorer ? La situation nutritionnelle des adultes était-elle menacée ? L’étude se fondait sur deux enquêtes nutritionnelles faites en 1993 et 1996 dans deux quartiers centraux de Brazzaville auprès d’un échantillon représentatif des ménages ayant un enfant âgé de 4 à 23 mois (n = 2623 et n = 1583, respectivement). Les deux enquêtes ont été réalisées par passage à domicile, avec la même méthodologie et le même questionnaire. On s’est servi de mesures anthropométriques normalisées pour calculer les indices poids/taille et taille/âge pour les enfants et l’indice de Quételet pour les mères. Pour tenir compte de certaines modifications des caractéristiques sociales des ménages en raison des troubles civils survenus à Brazzaville à la fin de 1993, nous avons ajusté les comparaisons entre les deux enquêtes pour les variables correspondantes. La dégradation de la qualité de l’alimentation de complément amorcée en 1994 s’est poursuivie en 1996 : l’aliment de complément donné aux nourrissons âgés de 4 à 11 mois était moins souvent un aliment de transition spécial (48,1% en 1996 contre 58,9% en 1993, p = 0,0001). Les aliments de complément importés, de qualité nutritionnelle supérieure, étaient moins utilisés (22,2% contre 31,8 %, p = 0,0001) et les bouillies locales étaient moins bien enrichies. Les modalités de l’allaitement au sein étaient les mêmes pendant les premiers mois et les aliments solides de complément étaient encore introduits assez tôt, mais le taux d’allaitement prolongé à 2 ans avait augmenté. Il semble que la dégradation persistante de la qualité des aliments de complément soit avant tout d’origine économique (coût des produits importés), les ménages les plus pauvres étant les plus vulnérables. En même temps, l’état nutritionnel des jeunes enfants s’est détérioré, puisqu’on a noté une prévalence accrue tant du retard de croissance (taille/âge inférieure à -2 z : 15,5% contre 12,1%, p = 0,024) que de l’émaciation (poids/taille inférieur à -2 z : 8,8% contre 6,0 %, p = 0,005). En outre, le taux d’insuffisance pondérale s’est accru chez les mères (indice de Quételet < 18,5 kg/m²) (15,3% contre 11,4 %, p < 0,0001) et la distribution des poids de naissance s’est décalée vers le bas (p = 0,0003). Cette détérioration de la situation nutritionnelle a touché, à des degrés divers, toutes les couches économiques. Parmi les principaux déterminants figuraient les habituelles causes sous-jacentes de malnutrition : insécurité alimentaire (aliments de complément de moindre qualité), manque d’accès aux soins et à l’hygiène du milieu (incidence accrue de la diarrhée, diminution du nombre de vaccinations) et diminution du temps consacré aux enfants. Toutefois, il semblerait que la situation au Congo soit relativement atypique par rapport à celle des pays concernés par la dévaluation du franc CFA. En fait, la dégradation de la situation due à des difficultés économiques parmi les ménages urbains a été exacerbée à Brazzaville par l’instabilité sociale et politique récurrente. Il serait donc intéressant de comparer les données présentées ici avec les résultats d’études analogues faites dans d’autres villes de la zone CFA.Abstract in Spanish:
Poco después de que el franco de la Comunidad Financiera Africana (CFA) fuese devaluado en 14 países africanos, el 12 de enero de 1994, cundió la preocupación sobre las posibles repercusiones de esa decisión, sobre todo en materia de salud, para poblaciones que ya se habían convertido en vulnerables tras varios años de crisis económica y políticas de ajuste. En particular, se previó que las poblaciones urbanas se verían considerablemente afectadas. Esta cuestión no se ha abordado hasta ahora como debiera. Un estudio preliminar realizado en Brazzaville (Congo) al cabo de un año de la devaluación reveló que la calidad de los alimentos complementarios suministrados a los lactantes estaba empezando a deteriorarse. El estudio aquí presentado abordó varios interrogantes adicionales: ¿duraría mucho tiempo esa disminución de la calidad de los alimentos complementarios? ¿Acabaría afectando al estado nutricional de los niños? ¿Se deterioraría también el estado nutricional de los adultos? El estudio se basó en dos encuestas nutricionales realizadas en 1993 y 1996 en dos distritos centrales de Brazzaville en una muestra representativa de hogares con niños de 4-23 meses de edad (n = 2623 y n = 1583, respectivamente). Los dos estudios se hicieron mediante encuestas a domicilio, utilizando una metodología y un cuestionario idénticos. Se emplearon mediciones antropométricas normalizadas para calcular el peso para la talla y la talla para la edad de los niños y el índice de masa corporal (IMC) de las madres. Para tener en cuenta las posibles repercusiones sociales en los miembros de la familia de los desórdenes públicos acontecidos en Brazzaville a fines de 1993, procedimos a ajustar las comparaciones entre las dos encuestas para las variables correspondientes. El deterioro de la calidad de los alimentos complementarios, iniciado en 1994, persistía en 1996: los alimentos complementarios suministrados a los lactantes de 4-11 meses eran con menor frecuencia alimentos especiales de transición (48,1% en 1996, frente a 58,9% en 1993, P = 0,0001). Los alimentos complementarios importados, de mayor calidad nutricional, eran menos frecuentes (22,2% frente a 31,8%, P = 0,0001) y las papillas locales estaban menos enriquecidas. Las pautas de lactancia materna eran similares durante los primeros meses de vida y los alimentos sólidos complementarios se introducían todavía muy tempranamente, pero la tasa de lactancia materna prolongada a los 2 años había aumentado. Al parecer, las razones de la disminución persistente de la calidad de los alimentos complementarios eran principalmente económicas (costo de los productos importados), siendo los hogares más pobres los más afectados. Paralelamente se deterioró el estado nutricional de los niños pequeños, aumentando la prevalencia tanto del retraso del crecimiento (talla para la edad < -2Z: 15,5% frente a 12,1%, P = 0,024) como de la emaciación (peso para la talla < -2Z: 8,8% frente a 6,0%, P = 0,005). Además, también se agravó la delgadez de las madres (IMC < 18,5 kg/m²) (15,3% frente a 11,4%, P < 0,0001), y la distribución del peso de nacimiento se desplazó hacia la izquierda (P = 0,0003). Este deterioro de la situación nutricional afectó a todos los estratos económicos de la población, pero en diversa medida. Entre los principales determinantes destacan las causas habituales de malnutrición relacionadas con la seguridad alimentaria (peor calidad de la alimentación complementaria), el acceso a los servicios de salud y la higiene (mayor incidencia de diarrea, menos inmunizaciones) y el cuidado de los niños. Sin embargo, la situación observada en el Congo parece relativamente atípica entre los países que devaluaron el franco CFA. En realidad, el deterioro de la protección social resultante de las dificultades económicas arrostradas en los hogares urbanos se vio exacerbado en Brazzaville por los reiterados periodos de inestabilidad social y política. Por consiguiente, sería interesante comparar los datos aportados por este estudio con resultados similares obtenidos en otros centros urbanos de la zona CFA.Abstract in English:
The effects of the January 1994 devaluation of the African Financial Community (CFA) franc on the nutritional situation of the populations concerned has been little documented. We report in this article on two nutritional cross-sectional surveys that were conducted before and after this devaluation (1993 and 1996) in two districts of Brazzaville, Congo. The surveys involved a representative sample of 4206 households with a child aged 4-23 months. Complementary feeding practices and the anthropometric indices of the children and their mothers were compared, adjusting for changes in household socioeconomic characteristics. The results show a decline in the quality of the first complementary foods offered to the infants, i.e. less frequent use of special transitional foods and imported complementary flours (of higher nutritional quality), and preparation of less nutritious local gruels. Overall, the nutritional situation had deteriorated, with greater levels of stunting and wasting among children, mothers with lower body mass index, and infants with reduced birth weights. Increased food prices would appear to be the direct cause of the decreased quality in complementary feeding, but factors other than the devaluation have also had an impact on household welfare. The influence of these factors on nutritional status is discussed.Abstract in French:
Le diagnostic de la maladie du sommeil (trypanosomiase) se heurte à une difficulté qui tient aux fluctuations du degré de parasitémie. Dans la présente étude, nous avons procédé par amplification génique (PCR) pour mettre en évidence une infection trypanosomienne dans 20 échantillons de sang sur 35 (57,1%) et dans 21 échantillons de liquide céphalo-rachidien (LCR) sur 34 (61,7%) prélevés dans une région du nord-ouest de l’Ouganda où la trypanosomiase est endémique. Au total, 14 échantillons de sang et 13 échantillons de LCR qui, par double centrifugation, s’étaient révélé contenir des trypanosomes, se sont également montrés positifs par la PCR, ce qui indique une bonne concordance entre les deux méthodes. Toutefois, 6 des 21 échantillons de sang (28,6%) négatifs du point de vue parasitologique ont été donnés positifs par la PCR et 8 des 21 échantillons de LCR (38,0%), qui étaient apparus négatifs par double centrifugation, ont été donnés positifs par la PCR. On se trouve donc en présence de 14 échantillons négatifs qui pourraient provenir de cas de trypanosomiase, même si une positivité à la PCR n’est pas la preuve absolue de la présence de trypanosomes. Sur ces 8 échantillons de LCR, 4 avaient été qualifiés de cas aux premiers stades en se basant sur l’absence de trypanosomes et un nombre de leucocytes < 5 par ml. Il s’ensuit que selon les critères actuels, certains cas avancés auraient pu nous échapper et il importe donc d’effectuer des essais cliniques pour voir s’il serait possible de traiter avec succès ces malades en utilisant uniquement le médicament adapté aux premiers stades de la maladie. Les 4 échantillons de LCR restants avaient été considérés comme des cas avancés, en se basant sur le fait que le nombre de leucocytes était > 6 par ml, en dépit de l’impossibilité de mettre des trypanosomes en évidence par double centrifugation. Il existe une règle empirique pour la stadification de la trypanosomiase, selon laquelle la valeur limite se situe à 5 leucocytes par ml ; il semble que cette règle conduise à laisser échapper un certain nombre de cas avancés puisque des trypanosomes ont été mis en évidence dans 4 échantillons de LCR provenant de cas présumés ayant un nombre de leucocytes inférieur à 5 par ml. A noter les 3 cas de trypanosomiase dont les échantillons de sang étaient positifs à l’examen microscopique et dont le LCR contenait > 5 leucocytes par ml, mais qui se sont montrés négatifs par double centrifugation et amplification génique. Ces résultats sont révélateurs d’une absence d’atteinte du système nerveux central malgré un nombre élevé de leucocytes. On constate donc qu’un nombre élevé de leucocytes ne signe pas forcément une atteinte du système nerveux central. Lors d’une analyse précédente au cours de laquelle nous avons soumis les échantillons de LCR à une double centrifugation en procédant également à une numération leucocytaire pour déterminer le stade de la maladie, nous n’avons constaté aucune corrélation entre la présence de trypanosomes et le nombre de leucocytes dans le LCR. Notre étude montre qu’il existe en revanche une forte corrélation entre les résultats de la double centrifugation et ceux de l’amplification génique puisque les échantillons de LCR positifs à l’examen parasitologique l’étaient également par la PCR. En outre, il semble que la PCR soit la méthode de diagnostic la plus sensible car elle a permis de déceler des trypanosomes dans 6 échantillons de sang et 8 échantillons de LCR négatifs à l’examen parasitologique. Elle pourrait donc être utile pour déterminer quels sont les malades présumés atteints de trypanosomiase qu’il faut mettre en observation. Il faudrait également voir ce que ces résultats impliquent sur le plan thérapeutique pour des trypanosomiases jugées aux premiers stades d’après la double centrifugation mais qui seraient à un stade avancé selon la PCR.Abstract in Spanish:
El diagnóstico de la enfermedad del sueño (tripanosomiasis) resulta difícil debido a la fluctuación de la parasitemia que muestran los afectados por esa enfermedad. En el presente estudio, los análisis realizados mediante la reacción en cadena de la polimerasa (RCP) demostraron la existencia de infección tripanosómica en 20 de 35 (57,1%) muestras sanguíneas y 21 de 34 (61,7%) muestras de líquido cefalorraquídeo (LCR) obtenidas en una zona de endemicidad de la enfermedad en el noroeste de Uganda. En total, 14 muestras de sangre y 13 de LCR que habían dado positivo en la doble centrifugación dieron también positivo en la prueba de RCP, lo que reveló una buena concordancia entre los dos métodos. Sin embargo, 6 (28,6%) de las 21 muestras sanguíneas negativas en el análisis parasitológico dieron positivo en la prueba de RCP, y 8 (38,0%) de las 21 muestras de LCR negativas en la doble centrifugación dieron positivo en la RCP. Cabe deducir que esas 14 muestras negativas podían corresponder a casos de enfermedad del sueño, aunque una RCP positiva no prueba la existencia de tripanosomas. De las 8 muestras de LCR, 4 correspondían a casos calificados de iniciales en vista de la ausencia de tripanosomas y del recuento leucocitario < 5 por ml. Esto lleva a pensar que algunos de los pacientes que se hallan en la fase avanzada podrían pasar desapercibidos con los criterios actuales, de ahí la necesidad de llevar a cabo ensayos clínicos para determinar si es posible tratar eficazmente esos casos empleando sólo la medicación establecida para la fase inicial. Las 4 muestras restantes de LCR correspondían a casos clasificados como avanzados dada la existencia de un recuento leucocitario superior a 6 por ml, aun cuando la doble centrifugación no reveló tripanosomas en esas muestras. Al parecer el valor discriminante de 5 leucocitos por ml usado como regla empírica para determinar la fase de la enfermedad del sueño no permite detectar algunos casos avanzados, pues se detectaron tripanosomas en 4 muestras de LCR de casos presuntos con menos de 5 leucocitos por ml. Son de destacar los 3 casos que, con muestras sanguíneas positivas en la microscopía y más de 5 leucocitos por ml en el LCR, eran sin embargo negativos según los resultados de la doble centrifugación y de la RCP, dato indicativo de que no habría afección del sistema nervioso central (SNC) pese al elevado número de leucocitos. Parece, por consiguiente, que un recuento leucocitario alto no entraña necesariamente afección del SNC. En un análisis del LCR realizado anteriormente mediante doble centrifugación y recuento leucocitario para determinar la fase de la enfermedad no se observó ninguna correlación entre la presencia de tripanosomas y el número de leucocitos en el LCR. Nuestro estudio ha puesto de manifiesto una alta correlación entre los resultados de la doble centrifugación y los de la RCP, pues las muestras de LCR positivas en el análisis parasitológico dieron también positivo en la prueba de la RCP. Además, este último parece ser el método diagnóstico más sensible, pues detectó tripanosomas en 6 muestras de sangre y 8 muestras de LCR parasitológicamente negativas, y podría emplearse por tanto para determinar cuáles de los pacientes afectados por la enfermedad del sueño deben ser objeto de seguimiento. Es necesario investigar qué repercusiones tiene eso para el tratamiento de los casos de enfermedad del sueño que pueden diagnosticarse como iniciales según la doble centrifugación y como avanzados según la RCP.Abstract in English:
Diagnosis of sleeping sickness (trypanosomiasis) is difficult because of the fluctuating levels of parasitaemia encountered in patients. In the present study we found that the polymerase chain reaction (PCR) demonstrated trypanosome infection in 20 out of 35 (57.1%) blood samples and in 21 out of 34 (61.7%) cerebrospinal fluid (CSF) samples collected from an area endemic for sleeping sickness in north-west Uganda. A total of 14 blood samples and 13 CSF samples that were positive for trypanosomes by double centrifugation were also positive by PCR, demonstrating good concordance between the two methods. However, 6 (28.6%) of the 21 blood samples that were parasitologically negative were positive by PCR, while 8 (38.0%) out of 21 CSF samples that were negative by double centrifugation were positive by PCR. These 14 negative samples could therefore be from sleeping sickness cases even though a positive PCR test is not evidence for the presence of trypanosomes. Furthermore, of these 8 CSF samples, 4 had been designated as early cases, based on the absence of trypanosomes and on a count of < 5 white blood cells (WBC) per ml. This suggests that some late-stage cases could potentially be missed according to the present criteria, and it is therefore important to perform clinical trials to determine whether these cases could be treated successfully with the first-stage drug alone. The remaining four CSF samples had been classified as late-stage cases, based on a count of > 6 WBC per ml, even though trypanosomes could not be detected in these samples by either double centrifugation or PCR. A cut-off point of 5 WBC per ml, which is used as a rule of thumb to stage sleeping sickness patients, seems to leave some late-stage cases undetected since trypanosomes were detected in four CSF samples from suspected cases with < 5 WBC per ml.